mercredi 7 juillet 2010

La Fontaine : Le Loup et le Chien

Les Fables de La Fontaine (1621-1695) sont réparties en recueils de petits poèmes en vers libre comportant une morale. Ici il s'agit comme souvent dans les fables d'un récit fictif où La Fontaine utilise des animaux pour corriger les défauts humains.
Chaque récit inspire une morale. Le loup et le chien présente deux modes de vies opposées, celui du loup qui est libre et celui du chien qui est lui au service de son maître, 1668.
Esope (VIIè siècle avant JC, avant Periclès), Phèdre (15av. JC-50 Ap. JC), Florian (1755-1794)
Critique des courtisans (comme Saint-Simon, 17ème siècle, qui critique la vie à la cour, dans ses Mémoires).
On échange sa liberté contre salaire, tout travail est un asservissement.

1) L'art du récit

La fable est dynamique (que des actions), au style direct.
Les animaux sont personnifiés : utilisation de majuscules.
Rimes embrassées, plates, croisées, qui contribue à la vivacité de la fable. De même, les vers sont de mètres différents.
Le texte est au présent de narration qui rend le récit plus vivant, et utilisation de l'imparfait pour les actions longues.
Les paroles des animaux sont rapportées au style direct, ce qui rend le texte plus vivant.

2) Etude des animaux

a. Le chien
Physiquement : Fort, beau, luisant, gras, poli...
Psychologiquement : Comme il est en tort, il est poli (double sens)
Champ lexical de l'argent pour le décrire.
Il parle beaucoup, il est imbu de lui-même.

b. Le loup
Physiquement : puissant mais affaibli, à cause des chiens.
Allitération en "k" qui montre sa dureté. "L'attaquer, le mettre en quartiers," montre son aggressivité.
Champ lexical de la guerre : "attaquer", "bataille", "défendre"

c. Prise de partie de l'auteur

"Sire Loup" qui met en faveur le loup. On connait ses pensées, pensées internes.
La parole du chien est favorisée, mais le loup aura le dernier mot.
Le travail du chien est dévalorisé par : "flatter ceux du logis, à son Maître complaire", un chiasme qui montre l'importance de la flatterie dans son travail.

Ainsi, dans la fable Le loup et le chien, à travers le personnage du chien il condamne l'attitude des nobles qui sont serviles vis-à-vis de leur maîtres.

3) L'enseignement moral de cette fable

a. La servitude :

le chien est attaché, et dépendant du maître pour la nourriture et l'affection? Il appartient au monde des domestiques, de la servitude.
confort matériel, le chien incarne les cours serviles qui obéissent aveuglement au Roi, pour obtenir des faveurs, des récompenses.
Le chien est vaniteux, a des préjugés, est bnorné, donnant des conseils au loup "quittez le bois", "suivez-moi", suivi de leurs conséquences. Le travail du chien est résumé par l'énumération de 3 verbes à l'infinitif : "donner la chasse, flatter, complaire".
Le chien est gené, il évite de répondre : il a conscience de sa condition.
La fontaine dévalorise le travail du chien.

b. La liberté

le loup est libre, il va où il veut, il est valorisé par l'emploi de Maitre Loup.
Le loup est diplomate et intelligent, il représente celui qui sait rester lui-même, qui sait conserver son indépendance. Le loup set surpris des conditions de vie du chien : détail anormal, il est inquiet et se questionne.
La liberté est un trésor, le loup est affligé par le mot "attaché".


Fable : Court récit, en vers, se terminant par une moralité Dogue : Chien de chasse et de garde, trapu, au museau écrasé, à fortes mâchoires et lèvres pendantes
Fourvoyer : se tromper de chemin, s'égarer (Mont composé du suffixe for-, "hors de" et voie)
Mégarde : Défaut d'attention (mal garder)
Mâtin : chien puissant (Embonpoint : Etat d'une personne un peu grasse
Cancres, hères : hommes pauvres, sans biens Condition : Statut social
Relief : ce qui reste d'un repas

La Fontaine : Fabuliste, mais on lui doit aussi des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
Il fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. C'est en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée.

Il participe à la Querelle des Anciens et des Modernes qui oppose deux courants : Classiques ou Anciens menés par Boileau, dont La Fontaine (l'antiquité a la perfection artistique, une fois et pour toutes) et les Modernes, représentés par Charles Perrault (auteurs de l’Antiquité ne sont pas indépassables, et la création littéraire doit innover).

Lettres Persanes : Comment peut-on être Persan ?

"Comment peut-on être Persan ?", Lettres Persanes, Montesquieu

Montesquieu (1689-1755) est un moraliste et penseur politique du siècle des Lumières. Issu d'une grande famille de parlementaires bordelais, il a passé une grande partie de sa vie à fréquenter les salons parisiens, ce qui lui a permis d'écrire Les Lettres Persanes, en 1721.
Son roman épistolaire "Lettres Persanes", publié anonymement, fait la satire et s'amuse de la société française, vue par deux visiteurs perses: Usbek et Rica. Au XVIIIè siècle, l'Orient et le goût des voyages est à la mode (Les Mille et Une Nuits, traduites en 1701)
Dans cet extrait, Rica raconte une expérience personnelle vécue à Paris, dont les habitants, curieux et naïf, s'étonnent de voir un homme différent.


I] Rica en habit Persan : attire les regards

Utilisation des verbes de perception visuelle : "fus regardé", "me voir" et d'expressions comme : "tout le monde se mettait aux fenêtres", "un cercle se form[ait] autour de moi", "qui m'entourait", "cent lorgnettes dressées contre ma figure" qui montrent la "curiosité" des habitants de Paris. Curiosité qui est collective : utilisation de "tout" et "partout" plusieurs fois dans le 1er paragraphe.
Rica décrit sa vie à Paris selon 3 moments de la journée, introduits par "si" : "j'arrivai", "sortais", "j'étais au spectacle".
Rica serait "envoyé du Ciel", exprime la naïveté des Parisiens, les gens ne sont "jamais sortis de leur chambre".
Il est imbu de lui même, il se plait d'être un spectacle : "je souriais", "chose admirable"...

II] Rica en habit Européen : délaissé

Rica se remet en question, ne se croyait pas être un "homme si curieux et si rare", malgré sa "très bonne opinion de [s]oi".
Rica décide de changer d'habit, par lassitude et expérimentation.
Une fois en habit européen, il est "apprécié au plus juste" : "une heure [...] sans qu'on m"eût regardé", son tailleur, fautif, lui a fait perdre "en un instant" l'attention et estime publique. Le champ lexical du regard a disparu.
"Le néant affreux" montre l'impolitesse des Parisiens : la curiosité dans le 1er paragraphe fait place à l'indiférence, et la solitude dans le 2nd.
La curiosité se remet en place, une fois que Rica dit qu'il est Persan : "j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement", mais qui est également associée à l'impolitesse : "comment peut-on être persan?". Cette interrogation en appelle d'autres : comment peut-on être autre que Français ?, montre l'ethnocentrisme.

On voit donc dans ce texte comment Montesquieu critique la société française, qui n'est jamais sortie de chez elle.


extravagance : folie (extra+vagari : extra+errer)
"les femmes mêmes" : censées être plus retenues
Tuileries : demeure de Louis XV (relié au Louvre)
physionomie : Du latin physiognomia lequel est une altération du latin scientifique physiognomonia. Ce dernier mot est issu du grec ancien γνώμων « qui connaît, » et de γνῶναι, « apprendre à connaître. »
admirable : aspects vestimentaires qui lui donnent l'air persan : turban/perruque
ethnocentrisme ! (mettre sa culture au centre des autres)

Levi Strauss : La Pensée sauvage
Source de Montesquieu : livre de Jean Chardin (qui reçoit les éloges de Montesquieu & Gibbon) Voyages en Perse
Marana : L'Espion turc en 1684

Turcs : Mozart, Molière (Bourgeois Gentilhomme, 1670)

Autres oeuvres : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734) -> Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain
De l'esprit des lois (1748) dans lequel il développe sa réflexion sur la répartition des fonctions de l'Etat : principe de la séparation des pouvoirs


Rousseau : Du Contrat Social (1762) -> Démocratie ?

Candide : Chapître 30

Candide, Chapître 30

Introduction :

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Après la rencontre avec le derviche et le vieillard qui symbolisent la sagesse, tous les personnages du conte sont enfin réunis dans une métairie dans les environs de Constantinople, où se créé une sorte de microcosme, dans lequel chacun trouvera sa place et son équilibre.
Nous allons voir dans cet extrait comment le récit est clos, puis l'évolution des personnages au cours du conte, et enfin la conception du bonheur.


I] Clôture du récit :

La formule par laquelle le conte a débuté : "Il y avait en Westphalie" nous fait attendre une fin de conte classique, une fin heureuse.
Clôture spatiale : Tout le monde trouve sa place : Cunégonde patissière, Paquette broda, frère Giroflée menuisier. Fin bénéfique : "la petite terre rapporta beaucoup". Le château de Westphalie est devenu une petite terre en Turquie, et Cunégonde est laide, mais ils sont plus heureux.
C'est une régression spatiale : passage d'un chateau à un jardin; Pour Candide le monde est désormais plus vaste et ne se limite pas à la province de Thunder-Ten-Tronc ou à la Westphalie. L’installation dans le jardin marque la fermeture de l’espace géographique.
Fin de conte de fée :
Pseudo morale donnée par Pangloss "vous ne mangeriez pas des cédrats confits", mais dite véritablement par Candide : "il faut cultiver notre jardin", se préoccuper des choses présentes et matérielles, contrairement à Pangloss qui part dans des suppositions. Cette morale finit même par rendre frère Giroflée honnête. C'est un peu comme une fin de conte de fée.


II] Evolution des personnages :

Cunégonde : Belle et attirante au début. Elle devient laide, et usée par le travail. Mais le travail compense la laideur : excellente patissière

Candide : Il a mûri. Il est devenu plus sûr de soi (il interrompt Pangloss), il est enrichi par les expériences : "je sais aussi", et a le dernier mot du livre. Il peut juger de lui même, il est plus mature et sait mieux que Pangloss : "tout cela est bien dit", respect, "mais il faut cultiver notre jardin" : il élimine Pangloss, et met en valeur ce qu'il veut dire.
Candide se libère de ses illusions. Il utilise son esprit critique et sa raison, tel un philosophe des Lumières.

Pangloss : Il n'a pas changé. Voltaire fait la satire d'un intellectuel borné qui ne veut pas lacher ses théories. Morale illogique et comique : semble logique puisqu'il y a des liens logiques, mais c'est ridicule. De plus, contraste entre une cascade interminable de conditionnels, péripéties incroyables, pour finir avec "vous ne mangeriez pas des cédrats". Il est coupé par Candide, et ne peut pas répondre. Il est dépassé, oublié. Il n'est plus qu'un bruit de fond.

Renversement des rôles par rapport à l’incipit.


III] Conception du bonheur :

Candide, dès le début du texte montre sa préférence pour une vie simple, notamment il dit : « Ce bon vieillard … des six rois ». Dans le texte, il y a une suite de noms de rois qui ont subit des malheurs. Cela montre que le fait d’être puissant et riche ne fait rien. Par contraste, la vie simple dans la métairie est valorisée.

Le travail est une concentration des vertus Importance du travail : Voltaire insistre sur le fait qu'il faut travailler : "louable dessin", de plus morale de l'histoire. Permet de rendre Giroflée honnête, rapporte de l'argent, repousse l'ennui (éloigne les trois vices : l'ennui, le vice et le besoin). Côté pécunier mis en avant : "la petite terre rapporta beaucoup".
Dans la seconde partie du texte, on note l’importance des activités manuelles préservées de manière laudative : « très bonne pâtissière ».

C’est donc une nécessité morale car il éloigne de nous le vice et c’est une nécessité économique puisqu’il éloigne de nous le besoin.

Aspect collectif, caractère communautaire: La société est importante est nécéssaire au bonheur. La communauté permet d'avancer, chacun aide : "chacun se mit à exercer ses talents", caractère de groupe montré dans la dernière phrase : "notre jardin".

Primauté de l'action sur les paroles : Candide est devenu plus important que Pangloss, il agit, tandis que l'autre parle. Le discours de Pangloss ridiculise les intellectuels qui s'enferment dans d'interminables raisonnements qui n'ont aucun rapport avec la vie. Il faut vivre ici et maintenant, pas dans le futur. Le bonheur est immédiat. Il faut cultiver son jardin physique, mais aussi culturel.


Conclusion :


Candide se libère de ses illusions. Il utilise son esprit critique et sa raison, comme un philosophe des Lumières.
Voltaire souligne l'importance du travail sous 3 aspects, reprenant la phrase du vieillard. Le travail rend honnête et empêche le vice, peut rapporter beaucoup et donc empêcher le besoin, et rassemble les talents de chacun pour empêcher l'ennui.
Au 18è siècle, le travail a transformé la société : le pouvoir de la noblesse était peu à peu remplacé par celui de la bourgeoisie, enrichie par le travail. Voltaire donnait lui-même l'exemple dans sa propriété à Ferney, ville de France proche de la Suisse, dont il aménagera la région et développera l'élevage. En 1773, Voltaire écrit à D’Alembert : « si j’ai encore quelque temps à vivre, je le passerai à cultiver mon jardin comme Candide. J’ai assez vécu comme lui ».



Voltaire souligne l'importance du travail sous 3 aspects : "le travail éloigne de nous 3 grands maux : l'ennui, le vice et le besoin".

Se moque de l'ancien testament/pentatheuque : Génèse -> Religion,
Comique d'accumulation

Candide : Chapître 19

Le nègre de Surinam constitue une dénonciation de l'esclavage et l'exemple même de l'atteinte aux droits de l'homme et à la liberté. La rencontre de Candide avec le nègre au sortir de l'Eldorado constitue un choc brutal et un retour à la réalité du mal: Candide ne peut plus se laisser aller à une quelconque croyance optimiste.
Les lecteurs, à travers cet épisode vont être confrontés à une réalité historique que Voltaire intègre à sa démonstration avec efficacité.
1759 ; reprend De L'Esclavage des Nègres de Montesquieu : 1748 De l'Esprit des Lois

Leibnitz : philosophe, mathématicien, diplomate

Candide, 19

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Dans cet extrait, le héros, Candide, accompagné de son "valet" Cacambo, revient de l'utopie d'Eldorado, pays où les richesses sont dénigrées. Ils arrivent aux portes de la ville de Surinam, où ils sont confrontés à une dure réalité : ce n'est pas partout l'Eldorado.
Nous allons étudier cet extrait en trois parties : un constat apparemment objectif de Voltaire, puis l'ironie de l'auteur, et enfin les cibles de la dénonciation.


I] Un constat apparemment objectif


Le récit de la rencontre avec le nègre est fait par le narrateur qui semble ne pas prendre partie et donner les faits telles qu'ils se sont passés. Nous nous faisons notre propre jugement.

Neutralité de Voltaire :
Ordre de la présentation de l'esclave -> vêtement, puis main coupée.
Candide & Cacambo "rencontrent" : ils sont libres. En revanche, le nègre est étendu : il est immobile, ne peut bouger.
Constat nuancé avec l'expression "ce pauvre homme" que Voltaire utilise pour décrire l'esclave.
La soumission de l'esclave :
Contraste : Cacambo&Candide qui sont debout / le nègre qui est assis. Supériorité. Le nègre dépend de son maître : "j'attend mon maître".
L'esclave explique calmement, et de façon détaillée l'usage : vêtements, puis mutilation. Enoncé sans émotion. Tout est sur le même plan.
Le nègre évoque la situation de tous les esclaves par son explication.

II] L'Ironie

Voltaire utilise l'ironie, comme à son habitude, pour accentuer sa critique. Malgré son point de vue objectif, l'ironie apparaît.
Décalage objectivité du constat/horreur situation :
Fameux : grande réputation, bonne ou mauvaise. Connotation péjorative ici.
Jeu de mots sur "Vanderdandur" : vandeur : achat d'esclave.
Van düren, libraire hollandais, avec lequel Voltaire s'est accroché.
Champ lexical du malheur : "pauvre", "horrible", "malheureux", "abomination", "mal", "larmes", "en pleurant".
Absurdité de la punition. Code noir de 1685 (Louis XIV), qui va à l'encontre de la Bible.
Champ lexical de l'Eglise : "Mon Dieu", "bénit", "seigneur", "Adam" : Contradiction entre les valeurs de la religion et le traitement des noirs. Hypocrisie des prêtres.


III] Cible de la dénonciation

Les causes et les conséquences de l'esclavage :
"c'est à ce prix là que vous mangez du sucre". Le sucre -> luxe . Vie de l'esclavage qui renvoie au luxe des privilégiés.
Vente des enfants par la mère : "faire fortune"
L'optimisme :
optimisme de la mère : "honneur d'être esclave"
remise en question des théories de Pangloss
Candide avance sur le chemin de la liberté de jugement (mais prend tjs Pangloss à témoin). Il renvoie son émancipation à plus tard : "il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme".

Pourtant, Candide ne fait rien pour le Nègre.


Conclusion :

Dans cet extrait, Voltaire utilise l'ironie, associée à un point de vue complètement objectif, pour dénoncer l'infâme, et pour sensibiliser ses lecteurs.
Candide, lui, sort de sa naïveté, et, contrairement à Leibnitz, commence à renoncer à l'optimisme, après avoir vu plusieurs désastres d'une part naturels et humains, d'autre part.
On voit donc à travers cet extrait que Voltaire est bien un philosophe du XVIIIè siècle. Il critique tout, en particulier la religion et l'esclavage. Ce n'est pas le seul de son siècle ; en effet, Montesquieu et Diderot, par exemple, s'y sont attaqués dans L'Esclavage des Nègres, et Le supplément au voyage de Bougainville, respectivement.
L'action des philosophes aboutira à l'abolition de l'esclavage par la Convention en 1794. La décolonisation en France, elle, en revanche, devra attendre le XXè siècle.


Philosophe : droit de tout critiquer. Héritiers de Descartes (on peut traiter tout objet rationnellement).

texte actuel et moderne en ce qu'il repose sur une analyse économique, et met en évidence le pillage du tiers monde. N'empêchera pas le colonialisme de continuer (jusqu'à 1962 en France -Algérie), 2me guerre mondiale. Décolonisation : 2ème moitié du 20è siècle

Candide : Chapître 6

Candide, Chapître 6


Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Le chapitre raconte avec une tonalité ironique un autodafé dont Candide et Pangloss sont les involontaires victimes, pour des raisons ridicules. Le titre du chapître donne la tonalité : disproportion : autodafé/fessée.
Pour la première fois dans Candide, Voltaire utilise des faits réels à des fins polémiques : le tremblement de terre de 1755 a détruit les 3/4 de Lisbonne, environ 30 000 morts.
Nous verrons dans cette étude l'aspect rituel de l'extrait, le spectacle de l'autodafé, et enfin la remise en cause de la religion et de la philosophie.


1) L'aspect rituel

Dès le début, on insiste sur l'apparente rationalité de la scène : la décision est prise par des "sages", prise avec sérieux : "l'université de Coïmbre", "moyen plus efficace", "secret infaillible". L'efficacité de l'autodafé est apparemment assurée. Connecteur logique "en conséquence".
Cet acte est apparemment habituel : "quoique ce ne soit pas la coutume".
Décalage entre gravité de la situation (condamnations à mort) et légèreté avec laquelle les choses sont traitées : spectacle, réjouissance populaire.
Effet de décalage pour mettre en relief ce qui est critiquable et horrible pour faire réfléchir le lecteur sur l’incohérence de comportements en apparence logiques.
Sacrifice vraiment inutile d’innocents puisqu'un second tremblement de terre « Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracs épouvantable ».
De plus, l'université de Coïmbre existe réellement, ainsi que la pratique de l'autodafé et du bûcher humain, et les costumes que portent Candide et Pangloss ont également existé.

2) Un spectacle

L'évènement est spectaculaire : "grande cérémonie", "le spectacle de quelques personnes brulées à petit feu"... expressions mélioratives : "belle musique", "bel autodafé" (oxymore)
La prison est très rapide : élipse de 8jours, mais le spectacle est très long, dû aux précisions sur le déroulement et les vêtements.
Esthétique dans la description qui est faite de l'apparence vestimentaire des condamnés: précisions concernant les mitres (qui servent à orner), les san-benito : insiste beaucoup sur des détails présentés comme importants sur le plan visuel alors qu'ils ne le sont pas.
On s'attarde ici sur des détails quand le lecteur attend plus une description de la psychologie des personnages. Processus de détournement : valoriser ce qui est en réalité horrible en attirant l'attention sur ce qui n'est pas l'essentiel (qui est également donné ("furent brûlés, fut pendus")).

3) Remise en cause du rôle de la religion

Ce qui compte, c'est de donner un spectacle au peuple pour lui faire oublier les circonstances et montrer que la religion n'est pas impuissante. Inclusion de la violence comme naturelle dans les pratiques religieuses : "prêché, fessé, absous et bénis".
La mise en valeur des sages, du caractère apparemment réfléchi et raisonnable de leur décision souligne l’ironie de leur comportement.
Tout ce qui touche à la décision d'organisation de la cérémonie est présenté de manière apparemment élogieuse, avec une insistance particulièrement admirative sur ce qui ne mérite aucune admiration. L’auteur souligne avec dérision la sagesse et le savoir. L’accent est donc mis sur l’aspect savant de la décision : le mot "sages", est déjà très provocateur car dans la bouche de Voltaire « sage » ne peut être pris au premier degré.
Formulation impersonnelle "il était décidé" donne plus de poids. Quant à l’articulation logique "en conséquence", elle analyse un lien de cause à effet qui n'a aucune raison d'exister. Ce n'est pas parce qu'on a décidé d'un autodafé qu'on doit trouver des coupables, plutôt l'inverse. Fausse logique.

4) Remise en cause de la philosophie

Candide, pour la première fois, remet en cause les principes de Pangloss. Il sort de sa naïveté. C'est une étape dans l'évolution de ce personnage.
Sa souffrance est montrée par les 5 adj : "épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant". Après avoir vécu plusieurs péripéties (guerre, tempête, mort de Jacques, tremblement de terre), Candide commence à s'interroger sur la nécessité de tant de souffrances. Il devient lui-même philosophe.
Cette remise en question est soulignée par le discours direct, qui permet d'utiliser des phrases interrogatives.
Toutes les personnes dont il pleure la perte montre l'absurdité du destin qui ne frappe qu'au hasard. Usage du superlatif : "meilleur des mondes", "plus grand des philosophes", "meilleur des hommes", "la perle des filles"... La terre n'est pas seule à trembler, les certitudes de Pangloss, celles des inquisiteurs s'effondrent également et la chute est tout aussi inévitable que le fut le désastre de Lisbonne.


Texte narratif qui présente une force argumentative.
A travers un récit chronologique et en apparence logique, Voltaire veut convaincre le lecteur que les raisonnements des sages, leurs décisions sont illogiques, incohérents, inefficaces. Il dénonce les superstitions. L'exécution cette fois n'a pas pour fond sonore le plain-chant des moines mais plutôt le rire grinçant d'un Voltaire qui à la fin de son existence n'a rien perdu de sa combativité et de son efficacité.
L'extrait nous ramène aux principaux combats des philosophes des Lumières qui, en hommes de raison et de progrès luttent contre l'obscurantisme sous toutes ses formes.

Tremblement de terre: langage de Dieu (Déluge, pluie de sauterelles...). Catastrophes naturelles
Cérémonie : extérieur
Suspense

Autodafé : Cérémonie expiatoire au cours de laquelle étaient lues et exécutées les sentences prononcées par l'Inquisition (princ. en Espagne et dans l'empire espagnol de la fin duXVe s. au début du XIXe s. mais surtout au XVIe s.), qui, le plus souvent, condamnait à périr par le feu les hérétiques, les juifs et plus généralement toute personne déclarée coupable d'avoir enfreint les lois religieuses : acte de foi
San Benito :vêtement masculin jaune sans manches et mitre que portaient en Espagne ceux que l'Inquisition avait condamnés au bûcher
Mitre : Coiffure haute, de forme pyramidale, fendue par le milieu et garnie de deux fanons tombant sur la nuque, que portent le pape, les évêques et certains abbés à l'occasion de certaines cérémonies pontificales

Poème sur le désastre de Lisbonne, Voltaire : 1756 (~2000mots)

Candide, Chapitre 3

Candide Chapitre 3, Voltaire

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Dans cet extrait, le héros, Candide, se trouve au beau milieu d'une guerre, qu'il décrit de son point de vue optimiste habituel. Nous allons ainsi voir comment cette description est faite, en 3 parties : le regard de Candide, puis le regard de Voltaire et enfin la critique de l'Eglise.


1) L'aspect esthétique et optimiste : Le regard de Candide

"Dieu ! Que la guerre est jolie" : Apollinaire
Voltaire fait faire à Candide une gradation des adjectifs mélioratifs, renforcée par "si" : "si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné".
Enumération des instruments du plus aiguë au plus grave (fifre/tambours). Cette énumération est coupée avec les "canons", qui, de cette façon, font partie de l'harmonie de la guere.
Il y a une répartition symétrique aux massacres : 6000 hommes tués de chaque côté.
Tout ceci donne une conception théâtrale à la guerre. Candide assiste à la guerre.
Candide se trouve dans la même situation que Fabrice à Waterloo dans La Chartreuse de Parme.
Voltaire fait appel aux sens ("harmonie", "brillant") et donc à l'imagination pour qu'on se forme sa propre idée de l'abomination de la guerre.

2) Déshumanisation : Voltaire

Le ton est détaché, complètement neutre, on doit se créer son propre jugement.
Le rythme est rapide, Candide et le lecteur n'ont pas le temps de réagir.
Justification de la guerre : "neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface", "la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes" : les victimes sont coupables.
Jeu de couleurs (mamelle symbole de l'allaitement, blanc, et "sanglantes" rouge), détails des horreurs : "cervelles", "éventrées", "égorgées"... Viols : "après avoir assouvi les besoins naturels"
Voltaire ne nous présente ni vainqueur, ni vaincu, car la guerre ne produit que des morts et de la souffrance.

3) Ironie Voltairienne

À travers l'attitude de son héros naïf, Voltaire critique la pensée du philosophe optimiste qui nie le mal.
Ironie : "boucherie héroïque" -> oxymore Voltaire exprime son propre avis sur la guerre : un massacre inutile
"ôta du meilleur des mondes" : se moque de la thèse de Pangloss (ou Leibnitz). Le "meilleur des mondes" contient tant d'horreurs inutiles & violentes. De même pour la "raison suffisante" qui est une théorie exposée par Leibnitz dans sa Théodicée.
Le narrateur a un humour noir : "après avoir assouvi les besoins de quelques héros" (périphrase et euphémisation du viol), "boucherie héroïque", "des héros abares".
Dans les deux camps, on fait chanter des Te Deum (cérémonie religieuse pour remercier Dieu) comme si chaque camp avait gagné. Voltaire vise notamment le clergé. Va à l’encontre des enseignements chrétiens et du commandement Tu ne tueras point de la Bible.
les chiffres sont approximatifs : "à peu près, "environ", "quelques", etc.
"qui tremblait comme un philosophe" se moque des autres théologiens qui prônent la guerre, mais qui n'en n'approchent pas.


Conclusion :

Voltaire présente un tableau réaliste d'un champ de bataille avec de multiples détails, lequel tableau demeure incompris par le protagoniste trop innocent. Le rythme du texte est assez rapide, ce qui donne l'impression que Candide n'a pas le temps de réagir. D'ailleurs, il mettra encore du temps à réagir puisqu'il connaîtra d'autres formes du mal avant de se rendre compte de l'absurdité du monde et de la bêtise humaine.
Candide représente Leibnitz, philosophe et scientifique du 17ème siècle, qui défend la théorie que tout événement a lieu pour une raison, et que de cette façon, "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". Voltaire est en désaccord profond avec cette théorie, qu'il critique durant tout le conte.
Voltaire ne fut pas seul à dénoncer les atrocités de la guerre : La Bruyère, Stendhal (La Chartreuse de Parme).


Conclusion : Candide aperçoit donc les atrocités de la guerre et fuit. Il refuse de remettre en cause une vision absurde du monde. Il mettra encore du temps à réagir et connaîtra d'autres formes de mal avant de se rendre compte de l'absurdité de la betise humaine.
Moyens divers pour dénoncer : réalisme et ironie. Argumentation indirecte très efficace, plus qu'une dénonciation directe et théorique. Le lecteur retient la leçon de cette "boucherie héroïque". Texte très représentatif du XVIIIe
Dans l'Encyclopédie, Voltaire s'est exprimé directement au chapitre "guerre"

Candide, Chapître 1

Candide, Incipit, Voltaire, 1759

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Candide relate l'histoire d'un jeune homme éponyme, et de ses aventures au fil du temps. Le protagoniste est un fervent optimiste, et correspond à une caricature de la philosophie de Leibnitz, philosophe du 17ème siècle, auquel Voltaire s'oppose.
L'extrait étudié est l'incipit de ce conte philosophique. On y retrouve les éléments traditionnels de ce genre, mais aussi la critique de Voltaire.
Nous allons donc voir le code de l'incipit d'un conte, et la critique de la philosophie de Leibnitz.

1) Conte

L'incipit de Candide correspond bien à l'incipit d'un conte :
le lieu est adapté ("beau château), la formule est consacrée ("il y avait"), le lieu est reculé (en Westphalie), les personnages principaux sont ceux d'un milieu priviligié : "le baron, noblesse), ...
Il y a une faille dans la généalogie du héros : "naissance mystérieuse"
Histoire d'amour
Elément déclencheur
Quête...

Mais mis d'un côté ironique. Critique de la noblesse

2) Critique de la Noblesse

Nom ridicule : Thunder-ten-tronckh
Attachement à la hiérarchie : 71 quartiers
Partie de la Prusse. Voltaire y avait fait un séjour, chez Frédéric II, s'était faché avec lui.
Mais la Prusse est également le pays de Leibnitz, philosophe auquel il s'oppose.

2) Critique de la philosophie (de Leibnitz)

Le nom de Pangloss (signifiant toutes langues) permet de dénoncer la philosophie de façon ironique.
Abus de termes philosophiques : "il est démontré", "aussi", "et", "si", "donc", "car", "par conséquent"
Le terme de métaphysico-théologo-cosmolonigologie reprend la philosophie de Leibnitz qui avait été qualifiée de physico-géométrico-théologique, en y ajoutant le mot "nigaud", qui veut tout dire.
rapport maître/élève basé sur l'admiration : "admirablement", "innocemment", "attentivement", "le plus grand philosophe"
Le savoir de Pangloss consiste en un tissu de banalités, dit de façon savante : "il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause", il démontre ainsi que les nez sont faits pour porter des lunettes...
Influence sur l'esprit de l'élève, d'où la fréquence de connecteur dans les réflexion de Candide (ainsi que Cunégonde) qui raisonne à la manière de Pangloss. Pangloss fait de Candide un esprit naïf, étroit et crédule


Voltaire utilise donc son incipit les caractéristiques d'un conte pour mieux faire passer les idées qui ne plaisent pas, et ainsi de dénoncer certains aspects de la société sous des apparences trompeuses. Cette dénonciation se fait sur le ton de l'ironie qu'amplifient les justifications absurdes de Pangloss et de sa philosophie.

L'Etranger, Camus : Excipit, partie 2

Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment à "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, l'aumônier vient de quitter la cellule de Meursault, et celui-ci s'ouvre à de nouvelles réflexions sur la vie.
Nous allons donc étudier cet extrait sous deux angles : la nouvelle vision de la vie du héros et le bilan de sa vie.

I] La nouvelle conception de la vie par Meursault

Une fois l'aumônier parti, Meursault se retrouve au calme. Sa présence fut un véritable supplice pour le condamné, comme le suggère : « lui parti, j'ai retrouvé le calme. J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette ». Malgré avoir été un suplice, c'était également une colère salvatrice, qui la "purgé", une véritable catharsis.
Une renaissance sensorielle la révolte l'a purgé de ses peines, elle l'a épuisé, ensuite il renait. "Je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage" : synesthésie.
Par cela la boucle est bouclée, on revient en épinadiplose vers l'ouverture du livre, La mère, qui devient à ce moment un sujet de véritables sentiments. Il la comprend, et comprend son envie d'avoir un fiancé à la fin de la vie : c'est la mort qui donne envie de vivre, et de recommencer.
Pour la première fois, il a des sentiments, il n'est donc plus étranger.
Aucun obstacle ne vient s'interposer entre M et la nature.
Cette nature arrive vers lui à travers plusieurs sens. D'abord la vue, puis l'ouïe, l'odorat et par le biais de la métaphore du toucher.
Cette symbiose avec la nature, on va la retrouver à la fin du passage avec « je m'ouvrais (…) monde ». Ce qui exprime l'idée d'une fusion entre M et le monde. Ils sont sur le même plan, et il n'y a pas de hiérarchies de valeurs.
C'est comme si la nature lui faisait « signe ». Elle s'oppose fortement avec l'hostilité du soleil ds la scène du meurtre puisque cette nature lui procure le calme et l'apaisement « merveilleuse paix (…) endormie »
Instant privilégié dont on ne sait pas la durée grâce à l'emploi de l'impf qui a tendance à éterniser le tps.
Cpt, tout cela va être interrompu par les sirènes.

II] Bilan de sa vie

De l'évocation de sa mère, Meursault passe au bilan de sa propre vie. En effet, son état d'esprit actuel est identique à celui qu'il vient de prêter à sa mère comme le montre la formule « Et moi aussi (…) revivre »
L'explosion de violence à l'égard de l'aumonier a eu sur M un pouvoir purificateur, il s'est comme il le dit « purger du mal » qui le dépossédé de lui-même et est libre, « vidé d'espoir ».
Pour M, c'est l'absence d'espoir qui libère et qui va lui donner la valeur de sa vie en tant qu'il la vécu et qu'il a été seul à la vivre : Elle est sa vie, son bien, il la revendique au pont d'être prêt à « tout revivre ».
La communion avc la nature à laquelle il est arrivé "pour la 1ère fois" est ressentie avec intensité. Verbe "éprouver" donne la valeur d'une preuve et Meursault mesure désormais le sens de ce qu'il a vécu tout au long de sa vie. "J'ai senti que j'avais été heureux que que je l'étais encore".
Champ lexical du corps (visage , corps tempes) qui est l'objet d'une source de vie.
Paradoxalement, le meurtre de l'Arabe n'est donc plus envisagé ici comme une rupture puisque malgrès les apparences, le meurtre, la prison et la condamnation, sa vie a été heureuse et par conséquent il est heureux car il a découvert sa vérité.
M assume alors un destin qu'il a d'abord vécu sans le vouloir. Sa prise de conscience finale lui permet de se le réapproprier en plein accord avc lui-même.

Conclusion
Meursault fait donc le bilan de sa propre vie, comme le souligne plusieurs éléments présents au début du texte. Il se présente ici comme un homme réconcilié, assumant sa propre vie et assuré de son propre bonheur. La proximité de la mort la en effet libéré de l'espoir et donc lui permet de mesurer le prix de sa vie. Il a éprouvé sa complicité avec la nature, donc en conséquence, il est réconcilié avec lui-même et revendique son étrangeté fâce à une société qui le rejette. Dans cette fin de roman, Camus nous donne l'image d'un Meursault plus sympathique, nous apparaissant d'avantage comme un être humain.

C'est un excipit total : le héros meurt heureux.

L'Etranger, Camus : Excipit, partie 1

L'Etranger, 4/5


Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment à "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, Meursault est en prison pour meurtre, et, pour la première fois, il sort de l'autorité et s'impose par rapport à l'aumônier, qui l'exaspère avec ses paroles d'espoir.
Nous allons voir comment en deux parties : l'explosion de la colère, et la conception de la vie de Meursault.


1) L'explosion de colère

Meursault a toujours été très docile, s'est toujours plié à l'autorité.
Pour la première fois dans le roman, la colère l'envahit, lui-même ne sait pas pourquoi : "alors je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi".
Il commence alors un long monologue, où il expose un champ lexical de la colère : "je me suis mis à crier à plein gosier", "je l'ai insulté", "j'étouffais en criant tout ceci". C'est un monologue tragique, qui agit comme catharsis, pour le personnage ainsi que pour le lecteur. "Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal" (5/5)
Manque de respect et violence pour l'aumônier : athée.
Pour la première fois, il envisage la vie de façon beaucoup plus large dans le passé et le futur : "j'aurais pu vivre", "sur de cette mort qui allait venir".
Répétitions du verbe « avoir » à la première personne du singulier de l'imparfait, 7fois. Meursault n'écoute que lui, seules ses convictions sont vraies. Il se suffit à lui-même « j'avais eu raison, j'avais encore raison, j'avais toujours raison »
Mais, c'est le début d'une remise en question qui sera marquée entre autres par des phrases de types oratoires et des « flash-back ».
Il s'affirme (j'étais sur de moi, sur de tout) lucidité, sentiment de puissance, réaction à sa soumission et à sa passivité. Omniprésence du "je" et du "moi".

Plus, le verbe « arracher » montre la forte colère dans laquelle se trouvait Meursault.
L'aumônier n'a rien pu faire, son intervention a tout de même aidé à mettre en lumière l'attitude de l'homme absurde.


2) La conception de la vie de Meursault

La conception de la vie de Meursault est complètement opposée à celle de l'aumônier.
Il affirme qu'on est sur cette terre pour mourir, puisqu'on les "condamnerait" aussi. On est condamné à vivre, tout le monde est mortel. A la ligne 22, la question oratoire « et après ? » montre le côté ridicule d'une vie vouée dès le départ à la mort.
Utilisation du vocabulaire du prêtre, "frère", "privilégié", "destin", même vocabulaire qui montre que la religion n'est pas utile devant la mort.
Plus aucune échelle de valeur, le chien est aussi important que Marie, tous les personnages sont cités, derrière le prêtre et tous sont équivalents.
L'affirmation de ses pensées, donne au personnage tout son sens, révolte qui le laisse épuisé.
Le moment de l'exécution devient alors comme une affirmation de soi : "Oui, je n'avais que cela" (cette mort qui allait venir)
Tout le monde est privilégié, donc personne ne l'est.
Il revendique ses idées : "j'avais eu raison, j'avais encore raison, j'avais toujours raison". sensations


Ce passage est un tournant dans la vie de Meursault : pour la première fois, il sort de l'autorité d'une autre personne, et s'impose vraiment.

L'Etranger, Camus : Le Meurtre

L'Etranger : Le Meurtre

Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment à "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, Meursault est retourné seul sur la plage après une altercation opposant son ami Raymond et deux Arabes. Le narrateur a sur lui le révolver de son ami : il l'avait forcé à le lui remettre pour éviter tout débordement. Il rencontre par hasard l'un des deux Arabes.
Nous allons voir " " en deux parties : les sensations physiques qui affectent Meursault, puis en quoi c'est une scène tragique.

I] Les sensations physiques qui affectent Meursault

Le soleil, ennemi épique : personnifications & hyperboles. Le soleil est le troisième personnage de l'extrait : il domine tout.
Ce soleil est doublement insupportable : le soleil le "brule", mais le soleil est également "lumière", qui est aussi insuportable que la chaleur : "étincelante", "éclatante". Il est impossible d'échapper au soleil, comme il le dit : "je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas".
Meursault, en tant qu'être sensoriel, ressent plus intensément encore cette force qui pèse sur lui. Ce soleil est source de souffrance : "me faisait mal", "je ne pouvais plus supporter", "douloureux".
Le soleil devient une agression, avec toutes les métaphores qui assimilent l'éclat de la lumière à une "lame", un "glaive" et enfin une "épée" : gradation. Ces métaphores associées à des verbes exprimant une action brutale et instantanée, comme : "gicle" et "jailli" : la souffance devient une torture : "rongeait", "fouillait".
Le soleil n'est pas le seul à jouer contre Meursault : la sueur est évoquée trois fois : "rideau de larmes et de sel" : elle est ressentie comme un gêne.

Les effets principaux de la chaleur et du soleil se concentrent sur le visage de Meursault. Il sent "les veines" de son "front" battant "ensemble sous la peau". Il est également question des "yeux", des "sourcils", des "cils" et des "paupières". Une sensation auditive aussi pénible vient rejoindre les sensations visuelles et tactiles : "je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front".

L'environnement est hostile à Meursault;

II] Une scène tragique

Le retour du pge est présenté comme une banale promenade. Il se retrouve face à l'Arabe qui devient alors son adversaire, alors même qu'il est surpris de le voir à cet endroit. ("j'ai été surpris un temps").
C'est bien à cause du soleil que Meursault accomplit le geste qui va précipiter les choses: "A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant". En réalité, ce "pas en avant" fait pénétrer le personnage dans le domaine de la tragédie: alors qu'il l'accomplit, Meursault sait en effet qu'il est inadéquat à la situation: "Je savais [ … ] que je ne me débarrasserais pas du soleil"; il sait même qu'il est en train de commettre une erreur: "Je savais que c'était stupide". Et c'est justement cette erreur qui déclenche inéluctablement le mécanisme tragique.
Le fait que Meursault, comme tout héros tragique, est dominé tout au long de cette scène par le destin, est clairement symbolisé par son aveuglement. Cet aveuglement a une double origine: il est le résultat de la lumière éblouissante: "Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux".
Cette cécité de Meursault se prolonge jusqu'au moment fatidique du meurtre puisque c'est seulement après avoir tiré qu'il retrouve la vue: "J'ai secoué la sueur et le soleil". Une telle coïncidence est, elle aussi, très symbolique car il semble que son geste, commis pourtant dans l'aveuglement, débouche sur une prise de conscience finale. Avec cet acte qui constitue une cassure irrémédiable dans sa vie, s'amorce la transformation progressive du personnage (Cf. Œdipe).

Conclu (à compléter) :
On voit donc dans cet extrait en quoi Meursault est bien un personnage physique, et surtout, ici, un personnage d'une scène tragique, guidé par son destin.

L'Etranger, Camus : La demande en Mariage

L'Etranger : La Demande en mariage

Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment le "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, Marie, la petite amie de Meursault, le demande en mariage, et il répond de façon très passive et étrange.
Nous allons voir comment cette demande en mariage est présentée, d'abord par le rôle actif de Marie, ensuite la passivité de Meursault, et enfin, la relation au travail.


I Le rôle actif de Marie

Demande en mariage étrange -> c'est la femme, Marie, qui demande. C'est inhabituel, pas conventionel.
Marie est le seul personnage actif : c'est elle qui "est venue" chercher Meursault, qui a "demandé", a "voulu savoir", "s'est demandé, "a déclaré", "elle aimerait". 5 questions
C'est également elle qui rompt le silence. Elle fait des gestes qui accompagnent ses propos : "elle m'a pris le bras".
Questions au style indirect, puis une au style direct, de Marie, qui montre sa surprise.
C'est un dialogue de sourds, déconcertant.
Marie pose des questions, soulève des problèmes. Contraste avec Meursault.

II] La passivité de Meursault

Meursault ne fait que de se contenter de répondre, il ne prend aucune initiative. Il n'ose pas dire "se marier", il remplace se terme par "cela", "le faire"...
Il ne prend pas position, il laisse le choix à Marie. Indifférence par rapport à elle. Il subit cette demande en mariage.
Réponses très brèves : "oui".
Meursault apparaît comme déroutant dans sa passivité. Il ne donne aucune explication. Il est sans conscience, solitaire et associal.
On a déjà vu que Meursault n'a que des sensations physiques, et donc que l'amour ne l'intéresse pas (en tant que sentiment).
Le fait que Meursault admet qu'il aurait eu la même réaction pour n'importe qu'elle autre fille "casse" tout. C'était déjà bizarre avant, mais là... Marie s'en rend bien compte d'ailleurs, car elle admet qu'il "bizarre".
Meursault a retourné les codes de la demande en mariage.

III] La relation au travail

Juste avant l'extrait étudié, le patron de Meursault lui demande s'il voudrait être muté à Paris, et ca lui "est égal", ce qui est étonnant, puisque ce serait plutôt bénéfique pour lui.
Même lien entre le métier et l'amour : rien n'a d'importance.
Meursault n'est pas ambitieux : partir ds une gde ville, et le mariage : quelque chose d'important !
Tout ce qu'il trouve à dire pour Paris est "C'est sale. Il y a des pigeons et des cours noires...

Conclusion :
On voit donc dans cet extrait que Meursault est un personnage étrange, et étrange à la société. Il retourne les codes de la demande en mariage.
Il est passif dans toute sa vie, ne demande rien, et ne veut pas qu'elle change. Il est heureux où il est, comme il est, que ce soit au plan sentimental ou sur le plan du travail.
Il subit une demande en mariage, et une demande de mutation. Rien n'a d'importance ni d'intérêt pour lui.

jeudi 24 juin 2010

L'Etranger, Incipit

L'Etranger : Incipit

"L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde", Camus, à propos de l'absurde.

Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment à "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, Meursault vient d'apprendre le décès de sa mère, et réagit de façon étrange. Nous allons voir en quoi cet extrait répond au code traditionnel de l'incipit en 3 parties : Le code de l'incipit, puis le personnage de Meursault et enfin

I] Le code de l'incipit

On nous donne le lieu de l'action : Marengo, à 80km d'Alger.
En revanche, la date n'est pas claire. On sait juste que c'est en début d'après midi, puisqu'il est 2h.
"Aujourd'hui", "hier" : flou.
On a un élément déclencheur : la mort de la mère du héros : suscite l'intérêt du lecteur.
Cet incipit nous situe un peu l'action. De plus, avec l'utilisation des télégrammes et du brassard, on se place dans le 20è siècle.
Présentation d'un personnage étrange : froid. Il n'est pas décrit physiquement, mais on peut tracer un début de profil moral, à travers la mort de sa mère, et ses réactions. On ne nous donne aucune description des autres personnages -> Patron, on n'a même pas le nom du personnage principal.
Cet incipit est écrit d'un point de vue interne, qui rappelle un peu un journal. On entre dans les pensées du personnage, mais il n'y a aucune émotion.

II] Le personnage de Meursault : un personnage bizarre

C'est la première fois qu'on "rencontre" ce personnage, mais on peut déjà en faire un portrait :
Personnage froid, distant, insensible. Le télégramme qu'il a reçu est presque sur le même ton : il n'utilise que des phrases en sujet, verbe, COD.
La mort de sa mère est une "excuse" pour ne pas avoir à travailler.
Le héros ne perd pas son appétit et ne change pas ses habitudes « J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude » : ce qui parait choquant : la vie poursuit son cours normal.
Ses amis (Céleste) ont "beaucoup de peine pour lui" alors que lui non. De plus, ses amis parlent d'une "mère", mais lui parle de "maman".
Vision purement administrative du deuil : champ lexical de la formalité : "présenter ses condoléances", "quand il me verra en deuil", "affaire classée", "une allure plus officielle".
Il ne fais attention qu'aux sensations physiques : "il faisait très chaud", "j'étais un peu étourdi". Il trouve une explication physique pour toutes ces sensations : "il a fallu que je monte", "à cause des cahots, de l'odeur d'essence, de la réverbération de la route, du ciel". Il ne veut pas admettre qu'il est peut-être touché par la mort de sa mère.
Il est très matérialiste et déconnecté de la réalité.

Conclusion :
On voit donc dans cet extrait comment le personnage de Meursault est un personnage "Etranger" : même si c'est écrit de façon interne au personnage, on ne perçoit aucun sentiment, quant à la mort de sa mère. Cela devrait être un événement important pour lui, et pourtant il ne change pas ses habitudes.

Une bonne Action

Je passe mon oral de français, demain matin à 10h30. Et comme j'ai galéré comme jamais pour avoir des commentaires correctes, j'ai décidé de faire une bonne action, et mettre le résultat sur internet.
Vous trouverez donc ici des commentaires de mes textes (Baudelaire, Camus, Voltaire, etc), qui, je l'espère, vous plairont !

Bonne chance, et bon courage !! :)