mercredi 7 juillet 2010

Candide, Chapitre 3

Candide Chapitre 3, Voltaire

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Dans cet extrait, le héros, Candide, se trouve au beau milieu d'une guerre, qu'il décrit de son point de vue optimiste habituel. Nous allons ainsi voir comment cette description est faite, en 3 parties : le regard de Candide, puis le regard de Voltaire et enfin la critique de l'Eglise.


1) L'aspect esthétique et optimiste : Le regard de Candide

"Dieu ! Que la guerre est jolie" : Apollinaire
Voltaire fait faire à Candide une gradation des adjectifs mélioratifs, renforcée par "si" : "si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné".
Enumération des instruments du plus aiguë au plus grave (fifre/tambours). Cette énumération est coupée avec les "canons", qui, de cette façon, font partie de l'harmonie de la guere.
Il y a une répartition symétrique aux massacres : 6000 hommes tués de chaque côté.
Tout ceci donne une conception théâtrale à la guerre. Candide assiste à la guerre.
Candide se trouve dans la même situation que Fabrice à Waterloo dans La Chartreuse de Parme.
Voltaire fait appel aux sens ("harmonie", "brillant") et donc à l'imagination pour qu'on se forme sa propre idée de l'abomination de la guerre.

2) Déshumanisation : Voltaire

Le ton est détaché, complètement neutre, on doit se créer son propre jugement.
Le rythme est rapide, Candide et le lecteur n'ont pas le temps de réagir.
Justification de la guerre : "neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface", "la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes" : les victimes sont coupables.
Jeu de couleurs (mamelle symbole de l'allaitement, blanc, et "sanglantes" rouge), détails des horreurs : "cervelles", "éventrées", "égorgées"... Viols : "après avoir assouvi les besoins naturels"
Voltaire ne nous présente ni vainqueur, ni vaincu, car la guerre ne produit que des morts et de la souffrance.

3) Ironie Voltairienne

À travers l'attitude de son héros naïf, Voltaire critique la pensée du philosophe optimiste qui nie le mal.
Ironie : "boucherie héroïque" -> oxymore Voltaire exprime son propre avis sur la guerre : un massacre inutile
"ôta du meilleur des mondes" : se moque de la thèse de Pangloss (ou Leibnitz). Le "meilleur des mondes" contient tant d'horreurs inutiles & violentes. De même pour la "raison suffisante" qui est une théorie exposée par Leibnitz dans sa Théodicée.
Le narrateur a un humour noir : "après avoir assouvi les besoins de quelques héros" (périphrase et euphémisation du viol), "boucherie héroïque", "des héros abares".
Dans les deux camps, on fait chanter des Te Deum (cérémonie religieuse pour remercier Dieu) comme si chaque camp avait gagné. Voltaire vise notamment le clergé. Va à l’encontre des enseignements chrétiens et du commandement Tu ne tueras point de la Bible.
les chiffres sont approximatifs : "à peu près, "environ", "quelques", etc.
"qui tremblait comme un philosophe" se moque des autres théologiens qui prônent la guerre, mais qui n'en n'approchent pas.


Conclusion :

Voltaire présente un tableau réaliste d'un champ de bataille avec de multiples détails, lequel tableau demeure incompris par le protagoniste trop innocent. Le rythme du texte est assez rapide, ce qui donne l'impression que Candide n'a pas le temps de réagir. D'ailleurs, il mettra encore du temps à réagir puisqu'il connaîtra d'autres formes du mal avant de se rendre compte de l'absurdité du monde et de la bêtise humaine.
Candide représente Leibnitz, philosophe et scientifique du 17ème siècle, qui défend la théorie que tout événement a lieu pour une raison, et que de cette façon, "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". Voltaire est en désaccord profond avec cette théorie, qu'il critique durant tout le conte.
Voltaire ne fut pas seul à dénoncer les atrocités de la guerre : La Bruyère, Stendhal (La Chartreuse de Parme).


Conclusion : Candide aperçoit donc les atrocités de la guerre et fuit. Il refuse de remettre en cause une vision absurde du monde. Il mettra encore du temps à réagir et connaîtra d'autres formes de mal avant de se rendre compte de l'absurdité de la betise humaine.
Moyens divers pour dénoncer : réalisme et ironie. Argumentation indirecte très efficace, plus qu'une dénonciation directe et théorique. Le lecteur retient la leçon de cette "boucherie héroïque". Texte très représentatif du XVIIIe
Dans l'Encyclopédie, Voltaire s'est exprimé directement au chapitre "guerre"

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