mercredi 7 juillet 2010

Candide : Chapître 19

Le nègre de Surinam constitue une dénonciation de l'esclavage et l'exemple même de l'atteinte aux droits de l'homme et à la liberté. La rencontre de Candide avec le nègre au sortir de l'Eldorado constitue un choc brutal et un retour à la réalité du mal: Candide ne peut plus se laisser aller à une quelconque croyance optimiste.
Les lecteurs, à travers cet épisode vont être confrontés à une réalité historique que Voltaire intègre à sa démonstration avec efficacité.
1759 ; reprend De L'Esclavage des Nègres de Montesquieu : 1748 De l'Esprit des Lois

Leibnitz : philosophe, mathématicien, diplomate

Candide, 19

Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Dans cet extrait, le héros, Candide, accompagné de son "valet" Cacambo, revient de l'utopie d'Eldorado, pays où les richesses sont dénigrées. Ils arrivent aux portes de la ville de Surinam, où ils sont confrontés à une dure réalité : ce n'est pas partout l'Eldorado.
Nous allons étudier cet extrait en trois parties : un constat apparemment objectif de Voltaire, puis l'ironie de l'auteur, et enfin les cibles de la dénonciation.


I] Un constat apparemment objectif


Le récit de la rencontre avec le nègre est fait par le narrateur qui semble ne pas prendre partie et donner les faits telles qu'ils se sont passés. Nous nous faisons notre propre jugement.

Neutralité de Voltaire :
Ordre de la présentation de l'esclave -> vêtement, puis main coupée.
Candide & Cacambo "rencontrent" : ils sont libres. En revanche, le nègre est étendu : il est immobile, ne peut bouger.
Constat nuancé avec l'expression "ce pauvre homme" que Voltaire utilise pour décrire l'esclave.
La soumission de l'esclave :
Contraste : Cacambo&Candide qui sont debout / le nègre qui est assis. Supériorité. Le nègre dépend de son maître : "j'attend mon maître".
L'esclave explique calmement, et de façon détaillée l'usage : vêtements, puis mutilation. Enoncé sans émotion. Tout est sur le même plan.
Le nègre évoque la situation de tous les esclaves par son explication.

II] L'Ironie

Voltaire utilise l'ironie, comme à son habitude, pour accentuer sa critique. Malgré son point de vue objectif, l'ironie apparaît.
Décalage objectivité du constat/horreur situation :
Fameux : grande réputation, bonne ou mauvaise. Connotation péjorative ici.
Jeu de mots sur "Vanderdandur" : vandeur : achat d'esclave.
Van düren, libraire hollandais, avec lequel Voltaire s'est accroché.
Champ lexical du malheur : "pauvre", "horrible", "malheureux", "abomination", "mal", "larmes", "en pleurant".
Absurdité de la punition. Code noir de 1685 (Louis XIV), qui va à l'encontre de la Bible.
Champ lexical de l'Eglise : "Mon Dieu", "bénit", "seigneur", "Adam" : Contradiction entre les valeurs de la religion et le traitement des noirs. Hypocrisie des prêtres.


III] Cible de la dénonciation

Les causes et les conséquences de l'esclavage :
"c'est à ce prix là que vous mangez du sucre". Le sucre -> luxe . Vie de l'esclavage qui renvoie au luxe des privilégiés.
Vente des enfants par la mère : "faire fortune"
L'optimisme :
optimisme de la mère : "honneur d'être esclave"
remise en question des théories de Pangloss
Candide avance sur le chemin de la liberté de jugement (mais prend tjs Pangloss à témoin). Il renvoie son émancipation à plus tard : "il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme".

Pourtant, Candide ne fait rien pour le Nègre.


Conclusion :

Dans cet extrait, Voltaire utilise l'ironie, associée à un point de vue complètement objectif, pour dénoncer l'infâme, et pour sensibiliser ses lecteurs.
Candide, lui, sort de sa naïveté, et, contrairement à Leibnitz, commence à renoncer à l'optimisme, après avoir vu plusieurs désastres d'une part naturels et humains, d'autre part.
On voit donc à travers cet extrait que Voltaire est bien un philosophe du XVIIIè siècle. Il critique tout, en particulier la religion et l'esclavage. Ce n'est pas le seul de son siècle ; en effet, Montesquieu et Diderot, par exemple, s'y sont attaqués dans L'Esclavage des Nègres, et Le supplément au voyage de Bougainville, respectivement.
L'action des philosophes aboutira à l'abolition de l'esclavage par la Convention en 1794. La décolonisation en France, elle, en revanche, devra attendre le XXè siècle.


Philosophe : droit de tout critiquer. Héritiers de Descartes (on peut traiter tout objet rationnellement).

texte actuel et moderne en ce qu'il repose sur une analyse économique, et met en évidence le pillage du tiers monde. N'empêchera pas le colonialisme de continuer (jusqu'à 1962 en France -Algérie), 2me guerre mondiale. Décolonisation : 2ème moitié du 20è siècle

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