mercredi 7 juillet 2010

L'Etranger, Camus : Le Meurtre

L'Etranger : Le Meurtre

Intro :
Camus est un écrivain et journaliste du XXème siècle, né en Algérie. Ses romans La Peste et L'Etranger son ses oeuvres les plus connues, mais il a également rédigé des pièces de théâtre et des essais, dans le style de l'absurde. Son oeuvre littéraire lui vaut le Prix Nobel, qu'il reçoit en 1957.
Il a été journaliste, et a collaboré à de nombreux journaux, notamment à "Combat", journal résistant.
En tant que pied-noir, la guerre d'Algérie l'a beaucoup marqué. En 1952 a lieu la rupture avec JP Sartre, les deux écrivains
L'Etranger est un roman de l'absurde, paru en 1942, qui raconte l'histoire de Meursault, un homme dénué de sentiment, et son évolution au fil du temps.
Dans cet extrait, Meursault est retourné seul sur la plage après une altercation opposant son ami Raymond et deux Arabes. Le narrateur a sur lui le révolver de son ami : il l'avait forcé à le lui remettre pour éviter tout débordement. Il rencontre par hasard l'un des deux Arabes.
Nous allons voir " " en deux parties : les sensations physiques qui affectent Meursault, puis en quoi c'est une scène tragique.

I] Les sensations physiques qui affectent Meursault

Le soleil, ennemi épique : personnifications & hyperboles. Le soleil est le troisième personnage de l'extrait : il domine tout.
Ce soleil est doublement insupportable : le soleil le "brule", mais le soleil est également "lumière", qui est aussi insuportable que la chaleur : "étincelante", "éclatante". Il est impossible d'échapper au soleil, comme il le dit : "je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas".
Meursault, en tant qu'être sensoriel, ressent plus intensément encore cette force qui pèse sur lui. Ce soleil est source de souffrance : "me faisait mal", "je ne pouvais plus supporter", "douloureux".
Le soleil devient une agression, avec toutes les métaphores qui assimilent l'éclat de la lumière à une "lame", un "glaive" et enfin une "épée" : gradation. Ces métaphores associées à des verbes exprimant une action brutale et instantanée, comme : "gicle" et "jailli" : la souffance devient une torture : "rongeait", "fouillait".
Le soleil n'est pas le seul à jouer contre Meursault : la sueur est évoquée trois fois : "rideau de larmes et de sel" : elle est ressentie comme un gêne.

Les effets principaux de la chaleur et du soleil se concentrent sur le visage de Meursault. Il sent "les veines" de son "front" battant "ensemble sous la peau". Il est également question des "yeux", des "sourcils", des "cils" et des "paupières". Une sensation auditive aussi pénible vient rejoindre les sensations visuelles et tactiles : "je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front".

L'environnement est hostile à Meursault;

II] Une scène tragique

Le retour du pge est présenté comme une banale promenade. Il se retrouve face à l'Arabe qui devient alors son adversaire, alors même qu'il est surpris de le voir à cet endroit. ("j'ai été surpris un temps").
C'est bien à cause du soleil que Meursault accomplit le geste qui va précipiter les choses: "A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant". En réalité, ce "pas en avant" fait pénétrer le personnage dans le domaine de la tragédie: alors qu'il l'accomplit, Meursault sait en effet qu'il est inadéquat à la situation: "Je savais [ … ] que je ne me débarrasserais pas du soleil"; il sait même qu'il est en train de commettre une erreur: "Je savais que c'était stupide". Et c'est justement cette erreur qui déclenche inéluctablement le mécanisme tragique.
Le fait que Meursault, comme tout héros tragique, est dominé tout au long de cette scène par le destin, est clairement symbolisé par son aveuglement. Cet aveuglement a une double origine: il est le résultat de la lumière éblouissante: "Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux".
Cette cécité de Meursault se prolonge jusqu'au moment fatidique du meurtre puisque c'est seulement après avoir tiré qu'il retrouve la vue: "J'ai secoué la sueur et le soleil". Une telle coïncidence est, elle aussi, très symbolique car il semble que son geste, commis pourtant dans l'aveuglement, débouche sur une prise de conscience finale. Avec cet acte qui constitue une cassure irrémédiable dans sa vie, s'amorce la transformation progressive du personnage (Cf. Œdipe).

Conclu (à compléter) :
On voit donc dans cet extrait en quoi Meursault est bien un personnage physique, et surtout, ici, un personnage d'une scène tragique, guidé par son destin.

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