mercredi 7 juillet 2010

Candide : Chapître 6

Candide, Chapître 6


Candide est un conte philosophique paru en 1759, pendant le siècle des Lumières. Il a été écrit par Voltaire, philosophe dont l'objectif était d'"écraser l'infâme", tout en critiquant la philosophie de Leibnitz, et sa théorie exposée dans la Théodicée. Candide est son conte philosophique le plus connu, mais il a écrit des pièces de théâtre, quelques poèmes, et a également participé à la rédaction de L'Encyclopédie avec Rousseau, Diderot, D'Alembert, parmi tant d'autres.
Le chapitre raconte avec une tonalité ironique un autodafé dont Candide et Pangloss sont les involontaires victimes, pour des raisons ridicules. Le titre du chapître donne la tonalité : disproportion : autodafé/fessée.
Pour la première fois dans Candide, Voltaire utilise des faits réels à des fins polémiques : le tremblement de terre de 1755 a détruit les 3/4 de Lisbonne, environ 30 000 morts.
Nous verrons dans cette étude l'aspect rituel de l'extrait, le spectacle de l'autodafé, et enfin la remise en cause de la religion et de la philosophie.


1) L'aspect rituel

Dès le début, on insiste sur l'apparente rationalité de la scène : la décision est prise par des "sages", prise avec sérieux : "l'université de Coïmbre", "moyen plus efficace", "secret infaillible". L'efficacité de l'autodafé est apparemment assurée. Connecteur logique "en conséquence".
Cet acte est apparemment habituel : "quoique ce ne soit pas la coutume".
Décalage entre gravité de la situation (condamnations à mort) et légèreté avec laquelle les choses sont traitées : spectacle, réjouissance populaire.
Effet de décalage pour mettre en relief ce qui est critiquable et horrible pour faire réfléchir le lecteur sur l’incohérence de comportements en apparence logiques.
Sacrifice vraiment inutile d’innocents puisqu'un second tremblement de terre « Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracs épouvantable ».
De plus, l'université de Coïmbre existe réellement, ainsi que la pratique de l'autodafé et du bûcher humain, et les costumes que portent Candide et Pangloss ont également existé.

2) Un spectacle

L'évènement est spectaculaire : "grande cérémonie", "le spectacle de quelques personnes brulées à petit feu"... expressions mélioratives : "belle musique", "bel autodafé" (oxymore)
La prison est très rapide : élipse de 8jours, mais le spectacle est très long, dû aux précisions sur le déroulement et les vêtements.
Esthétique dans la description qui est faite de l'apparence vestimentaire des condamnés: précisions concernant les mitres (qui servent à orner), les san-benito : insiste beaucoup sur des détails présentés comme importants sur le plan visuel alors qu'ils ne le sont pas.
On s'attarde ici sur des détails quand le lecteur attend plus une description de la psychologie des personnages. Processus de détournement : valoriser ce qui est en réalité horrible en attirant l'attention sur ce qui n'est pas l'essentiel (qui est également donné ("furent brûlés, fut pendus")).

3) Remise en cause du rôle de la religion

Ce qui compte, c'est de donner un spectacle au peuple pour lui faire oublier les circonstances et montrer que la religion n'est pas impuissante. Inclusion de la violence comme naturelle dans les pratiques religieuses : "prêché, fessé, absous et bénis".
La mise en valeur des sages, du caractère apparemment réfléchi et raisonnable de leur décision souligne l’ironie de leur comportement.
Tout ce qui touche à la décision d'organisation de la cérémonie est présenté de manière apparemment élogieuse, avec une insistance particulièrement admirative sur ce qui ne mérite aucune admiration. L’auteur souligne avec dérision la sagesse et le savoir. L’accent est donc mis sur l’aspect savant de la décision : le mot "sages", est déjà très provocateur car dans la bouche de Voltaire « sage » ne peut être pris au premier degré.
Formulation impersonnelle "il était décidé" donne plus de poids. Quant à l’articulation logique "en conséquence", elle analyse un lien de cause à effet qui n'a aucune raison d'exister. Ce n'est pas parce qu'on a décidé d'un autodafé qu'on doit trouver des coupables, plutôt l'inverse. Fausse logique.

4) Remise en cause de la philosophie

Candide, pour la première fois, remet en cause les principes de Pangloss. Il sort de sa naïveté. C'est une étape dans l'évolution de ce personnage.
Sa souffrance est montrée par les 5 adj : "épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant". Après avoir vécu plusieurs péripéties (guerre, tempête, mort de Jacques, tremblement de terre), Candide commence à s'interroger sur la nécessité de tant de souffrances. Il devient lui-même philosophe.
Cette remise en question est soulignée par le discours direct, qui permet d'utiliser des phrases interrogatives.
Toutes les personnes dont il pleure la perte montre l'absurdité du destin qui ne frappe qu'au hasard. Usage du superlatif : "meilleur des mondes", "plus grand des philosophes", "meilleur des hommes", "la perle des filles"... La terre n'est pas seule à trembler, les certitudes de Pangloss, celles des inquisiteurs s'effondrent également et la chute est tout aussi inévitable que le fut le désastre de Lisbonne.


Texte narratif qui présente une force argumentative.
A travers un récit chronologique et en apparence logique, Voltaire veut convaincre le lecteur que les raisonnements des sages, leurs décisions sont illogiques, incohérents, inefficaces. Il dénonce les superstitions. L'exécution cette fois n'a pas pour fond sonore le plain-chant des moines mais plutôt le rire grinçant d'un Voltaire qui à la fin de son existence n'a rien perdu de sa combativité et de son efficacité.
L'extrait nous ramène aux principaux combats des philosophes des Lumières qui, en hommes de raison et de progrès luttent contre l'obscurantisme sous toutes ses formes.

Tremblement de terre: langage de Dieu (Déluge, pluie de sauterelles...). Catastrophes naturelles
Cérémonie : extérieur
Suspense

Autodafé : Cérémonie expiatoire au cours de laquelle étaient lues et exécutées les sentences prononcées par l'Inquisition (princ. en Espagne et dans l'empire espagnol de la fin duXVe s. au début du XIXe s. mais surtout au XVIe s.), qui, le plus souvent, condamnait à périr par le feu les hérétiques, les juifs et plus généralement toute personne déclarée coupable d'avoir enfreint les lois religieuses : acte de foi
San Benito :vêtement masculin jaune sans manches et mitre que portaient en Espagne ceux que l'Inquisition avait condamnés au bûcher
Mitre : Coiffure haute, de forme pyramidale, fendue par le milieu et garnie de deux fanons tombant sur la nuque, que portent le pape, les évêques et certains abbés à l'occasion de certaines cérémonies pontificales

Poème sur le désastre de Lisbonne, Voltaire : 1756 (~2000mots)

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